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Ecrivaines en folies

Ecrire sa propre folie, en tant que femme, relève de la pulsion de vie. C’est là un geste de littérature, ô combien puissant, mais souffrant pourtant d’invisibilité au sein du monde des lettres. Car nombreuses sont les écrivaines ayant écrit depuis l’hôpital psychiatrique ou pendant leur maladie psychique/mentale à avoir été invisibilisées. Comme si l’oubli les avait englouties dans la nuit. Une femme écrivaine qui n’est pas en mesure de mener sa carrière et ses relations éditoriales a peu de chance de rester dans la danse. Mais plus tragique encore que l’oubli, il y a le tabou. Celui de la maladie mentale des femmes comme folie à taire. L’artiste fou oui, l’écrivaine folle : non. “L’hystérie féminine” ne peut être prise au sérieux dans le champ littéraire qui se veut académique ou noble.

Aucun travail universitaire ou recherches n’existent par ailleurs sur le sujet et c’est dire le peu d’intérêt pour ces femmes. Pourtant, les fulgurances, le ton très direct, la poésie brute, la maîtrise et l’inventivité d’un style sont des traits qui caractérisent toutes ces écrivaines. La maladie, malgré sa noirceur (et il ne faudrait surtout pas l’idéaliser), peut parfois permettre cet état vertigineux de lucidité et de haute voltige.

Hélène Bessette, Colette Thomas, Unica Zürn, Adelheid Duvanel ont ceci en commun l’expérience psychiatrique et d’avoir toutes été oubliées puis redécouvertes il y a peu par de petits éditeurs indépendants et engagés. Aujourd’hui, faire entrer la folie féminine en littérature relève presque du geste éditorial politique. Nous nous réjouissons que des maisons d’édition osent enfin sortir ces textes de l’oubli et rendent leurs lettres de noblesse à ces femmes que nous portons haut en estime. Ecrivaines d’avant ou d’aujourd’hui, leur talent est indéniable et vibrant. 

Une sélection à retrouver à la BCUL site Riponne du 10 mars au 5 avril 2025.

Photo de Liza Polyanskaya sur Unsplash

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