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Du signe au son (3/6) : Sviatoslav Richter, 3’600 concerts au service des compositeurs

Une paire de lutrins avec des partitions ouvertes éclairés par une lumière bleue.

Découvrez le troisième épisode de la série Du signe au son consacrée à l’art de l’interprétation. A l’honneur cette fois, l’un des pianistes les plus célèbres, disparu il y a 10 ans : Sviatoslav Richter.

« L’interprète est vraiment un exécutant, devant reproduire les intentions du compositeur à la lettre, il ne doit rien ajouter qui ne soit pas déjà dans l’œuvre. S’il est talentueux, il nous permet d’entrevoir la vérité de l’œuvre ce qui est en soi un élément du génie qui se reflète en lui, il ne doit pas dominer la musique, mais devrait se dissoudre en elle. »

L’approche interprétative de Sviatoslav Richter est claire, explicitée ci-dessus. Et la fidélité pour le texte musical ainsi que son humilité ont permis au pianiste né en Ukraine d’apporter une intensité particulière à chaque compositeur qu’il a interprété. Bach, Haydn, Beethoven, Chopin, Debussy, Schubert, Liszt, Ravel, Rachmaninov, Prokofiev, son répertoire touche à l’ensemble de la littérature pour piano.

55 années de carrière, 833 œuvres jouées et plus de 600 lieder, 3’600 concerts, plus de 2’250 heures de musique enregistrée live durant les concerts. Sviatoslav Richter est sans aucun doute le porte-parole de la musique pour piano. Et pourtant sa première passion est l’opéra. Dans le privé, il joue des opéras par cœur durant toute sa vie. A l’âge de quinze ans, il est né le 20 mars 1915, grâce à son incroyable facilité de déchiffrage, il est engagé comme répétiteur à l’Opéra d’Odessa. Trois ans plus tard, il y devient même chef d’orchestre remplaçant. Il apprend quasiment seul le piano et en 1934, il donne son premier récital consacré à la musique de Chopin. En 1937 uniquement, il commence sa formation académique pianistique en se présentant à Heinrich Neuhaus, l’un des pianistes soviétiques les plus réputés de l’époque. Ce dernier, conquis par le génie de ce jeune, l’accepte immédiatement dans sa classe d’enseignement supérieur de piano au Conservatoire de Moscou. Prokofiev ne tarde pas non plus à le remarquer et lui demande d’interpréter, sous sa baguette, son cinquième concerto. L’œuvre obtient un triomphe. Et une amitié se forge. Nous sommes en 1941 et le succès remporté lance le pianiste vers une carrière retentissante. Dès 1960, après avoir reçu enfin l’autorisation à jouer à l’extérieur de l’empire soviétique, sa carrière devient planétaire.

Sviatoslav Richter se consacre également avec passion à la musique de chambre. Ses collaborations avec le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, le violoniste David Oïstrakh, ou le quatuor Borodine restent dans l’histoire. Sans compter les nombreux récitals de Lieder accompagnant des chanteuses et des chanteurs tels que Nina Dorliak, sa compagne, et Dietrich Fischer-Dieskau.

Le critique italien Piero Rattalino a affirmé que les seuls pianistes comparables à Richter dans l’histoire du piano étaient Franz Liszt et Ferruccio Busoni. Glenn Gould, quant à lui, considérait Richter comme « l’un des plus puissants communicateurs que le monde de la musique ait produit de notre temps ».

Sviatoslav Richter devient une légende.

A voir et à écouter :

Medici.tv vous propose une biographie de Sviatoslav Richter, le documentaire que Bruno Monsaingeon consacra au pianiste, ainsi que des concerts et d’autres documentaires. Si vous vous trouvez en dehors des locaux de la BCUL, de l’UNIL ou de la HEP, connectez-vous sur la plateforme Medici.tv grâce à votre numéro de carte de lecteur (identifiant) et votre mot de passe Renouvaud.

Les débuts fulgurants de Sviatoslav Richter, RTS.

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