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Du signe au son (2/6) : Dietrich Fischer-Dieskau, le baryton aux 3’000 Lieder

Une paire de lutrins avec des partitions ouvertes éclairés par une lumière bleue.

Découvrez le deuxième épisode de la série Du signe au son. Notre voyage dans l’art de l’interprétation se poursuit. De la « voix d’ange » de Renata Tebaldi à la « voix de l’âme » de Dietrich Fischer-Dieskau.

Dietrich Fischer-Dieskau était l’interprète du Lied par excellente :  3’000 Lieder d’une centaine de compositeurs différents ! Nous lui rendons hommage à l’occasion de la 10e année de sa disparition, survenue le 18 mai 2012.

Le destin de Fischer-Dieskau s’annonce tôt : à dix-sept ans – il est né à Berlin le 28 mai 1925 – lors d’un récital prometteur dans lequel il interprète la Winterreise de Schubert. Mais la guerre l’oblige à interrompre ses études. A son retour en Allemagne, son talent peut enfin s’épanouir.

En 1947, il est appelé à participer à son premier enregistrement radiophonique, toujours avec la Winterreise. L’année suivante, à peine âgé de 23 ans, sa polyvalence lui vaut d’être engagé à l’Opéra de Berlin pour interpréter le rôle du marquis de Posa dans le Don Carlos de Verdi. Le 19 août 1951, au Festival de Salzbourg, il chante dans les Lieder eines fahrenden Gesellen, un cycle de quatre chants composés par Mahler, sous la direction du légendaire Wilhelm Furtwängler. L’épouse du chef d’orchestre, Elisabeth Furtwängler, témoignera avoir vu son mari sortir de la scène sous le coup de l’émotion, les larmes aux yeux. Toutes les scènes s’ouvrent au jeune baryton !

Les deux univers musicaux, le Lied et l’opéra, vont coexister dans le parcours du baryton.

Dietrich Fischer-Dieskau a enregistré l’intégrale des Lieder de Schubert, Brahms, Schumann, Wolf, Strauss, Schoeck, Loewe, Schreker, Ives et bien d’autres. C’est grâce à lui que le préjugé selon lequel le Lied n’était accessible qu’au public germanophone a été brisé. Il est également possible de dire que grâce à lui le public germanophone a découvert les mélodies de Debussy. Fischer-Dieskau avait la passion de dévoiler les arrière-plans d’un texte par l’utilisation d’une palette très riche de nuances vocales et de déclamation.

Mais Fischer-Dieskau a interprété également un nombre important de rôles du grand répertoire lyriques. Le baryton a marqué certains rôles verdiens (Rigoletto et Falstaff), mozartiens (le Conte Almaviva des Nozze di Figaro) et wagneriens (Wolfram dans Tannhäuser, Amfortas dans Parsifal). Il a contribué à la découverte d’œuvres du 20e siècle, tels que Doktor Faust de Busoni, Wozzeck de Berg et Saint François d’Assise de Messiaen. Il a créé de nombreux rôles du répertoire contemporain pour Stravinsky, Henze ou Reimann.

Dans sa dernière interview avec le violoniste et réalisateur Bruno Monsaingeon, Fischer-Dieskau dit : « Il faut écouter ce que la musique dit. Rien ne peut être le résultat d’un calcul froid. Il faut parvenir à la comprendre avec la même chaleur que celle du compositeur lorsqu’il l’a écrite. C’est alors que le véritable interprète arrive, le cœur rempli d’émotion pour ce qu’il chante, et vous transporte dans une autre dimension. »

A voir et à écouter :

Medici.tv vous propose une biographie de Dietrich Fischer-Dieskau, la conversation musicale avec Bruno Monsaingeon, ainsi qu’un concert et d’autres documentaires. Si vous vous trouvez en dehors des locaux de la BCUL, de l’UNIL ou de la HEP, connectez-vous sur la plateforme Medici.tv grâce à votre numéro de carte de lecteur (identifiant) et votre mot de passe Renouvaud.

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