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Du signe au son (1/6) : Renata Tebaldi, interprète lyrique à Hollywood

Une paire de lutrins avec des partitions ouvertes éclairés par une lumière bleue.

Du signe au son, découvrez la nouvelle série d’articles musicaux. Six interprètes d’exception sont mis à l’honneur. Leurs points communs ? Ils ou elles donnent corps à la musique et fêtent en 2022 un anniversaire à chiffres ronds.

La mission d’un·e interprète est certainement celle de réaliser un projet musical planifié par un compositeur. Et quel est son rôle ? Être un·e intermédiaire indispensable pour rendre le message du compositeur compréhensible à tout le monde. En effet, contrairement à la plupart des autres arts, la lecture d’une partition de musique n’est pas facile d’accès et n’offre qu’un reflet partiel de sa réalité. Une ou plusieurs personnes qui puissent traduire les signes musicaux en message sonore sont nécessaires pour les faire vivre. Et ces signes peuvent même vivre de manière différente. Ecoutez l’interprétation d’une même œuvre par plusieurs interprètes. Dans des lieux, des ambiances ou des situations différents. A chaque fois, vous allez vivre une expérience nouvelle. Grâce à la sensibilité et au point de vue artistique de l’interprète, la musique acquiert une richesse qui la rend rarement identique à elle-même.

Dans ce premier article, nous célébrons le 100e anniversaire de la soprano italienne Renata Tebaldi, née le 1ᵉʳ février 1922 à Pesaro, ville natale de Rossini. Elle est considérée comme l’une des interprètes d’opéra les plus populaires de tous les temps. Tellement populaire que son nom figure sur l’une des étoiles du Hollywood Walk of Fame, le célèbre trottoir situé sur le Hollywood Boulevard de Los Angeles. Sa contribution à l’industrie du spectacle y est honorée.

Sa voix pure et émouvante, baptisée par le chef d’orchestre Arturo Toscanini la « voix d’ange », a su donner de la splendeur aux personnages les plus nobles de l’opéra italien. En 1953, elle prête même sa voix à l’actrice italienne Sophia Loren pour le film-opéra Aïda réalisé par Clemente Fracassi.

Le répertoire verdien et vériste sont certainement ses domaines de prédilection et d’excellence. Violetta, Aïda, Leonora, Giovanna d’Arco, Desdemona, ainsi que Tosca, Cio-Cio-San, Liù et Mimì. Des rôles qui semblent avoir été écrits pour son timbre envoûtant de soprano lyrico-spinto situé entre lyrique et dramatique. Renata Tebaldi donnera voix à la couturière Mimì dans La Bohème de Puccini 109 fois entre 1945 et 1970 en sublimant l’écriture du compositeur toscan.

La véritable carrière de la jeune cantatrice commence en 1946, à Trieste. En interprétant le rôle de Desdemona dans l’Otello de Verdi, Renata Tebaldi attire l’attention d’Arturo Toscanini. Le chef d’orchestre l’invite alors au gala de réouverture de La Scala de Milan, reconstruite après les bombardements de la guerre, le 11 mai 1946. Elle est alors propulsée sous les feux de la rampe et tous les grands théâtres italiens la réclament.

Au niveau international, en 1950, Renata Tebaldi fait ses premiers pas au Covent Garden de Londres. Cinq ans après, elle connaît son apogée sur la scène du Metropolitan Opera de New York dans le rôle de Desdemona face au célèbre ténor Mario Del Monaco en Otello, qui deviendra son partenaire le plus fréquent.

Le succès fut complet tant qu’aux Etats-Unis, elle était surnommée affectueusement « Miss Sold Out », en raison de l’énorme participation du public aux productions dans lesquelles elle jouait. Son talent fut reconnu également par la firme Decca qui lui propose un contrat d’exclusivité qui durera jusqu’à la fin de sa carrière.

Renata Tebaldi fut considérée un temps comme la rivale de Maria Callas. Mais, comme Roger Blanchard et Roland de Candé expliquent dans leur ouvrage Dieux et divas de l’opéra, il s’agissait d’une dispute stérile. Leurs voix, leurs styles et même leurs répertoires étant très différents. Contrairement à la Callas, la Tebaldi n’était pas une actrice, une tragédienne, mais un monument du beau chant. Cette rivalité était alimentée, plus que par les deux divas, par les journaux et par leurs fans les plus ardents. Quoi qu’il en soit, le 16 septembre 1968, la diva grecque se rend dans les coulisses du Metropolitan pour se féliciter avec sa collègue italienne après une représentation d’Adriana Lecouvreur. Cela marqua ainsi la réconciliation définitive entre les deux cantatrices, qui, en réalité, avaient une grande admiration l’une de l’autre.

Vous le saviez ? Renata Tebaldi est la première cantatrice d’opéra à avoir une application iPad dédiée : images, enregistrements officiels et inédits, vidéos et revues de presse de l’époque. L’application a été publiée en 2012.

Un musée a également été dédié à la soprano. Vous pouvez le visiter dans la ville de Busseto (Parme), ville natale, cette fois, de Verdi.

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