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Au clair de la lune… ou la musique de la nuit (2/2)

Que la nuit soit romantique et douce ou inquiétante et obscure, elle devient source d’inspiration pour les musiciens de toutes les époques. Sa musique est composée pour exprimer des sentiments et se décline en aspects infinies.

La nuit sereine se déclare par des formes musicales tels que la Sérénade, la Berceuse et surtout le Nocturne.

La première des musiques qui évoquent la paix, du sommeil dans ce cas, est la Berceuse, musique fondamentale de l’esthétique de la nuit par son tempo et son rythme lents, par ses timbres paisibles joués normalement par les instruments à cordes. On ne peut pas imaginer une Berceuse à la trompette, n’est-ce pas ? Les exemples sont nombreux, dans toutes les langues et dans toutes les civilisations du monde. Il suffit de puiser dans notre enfance.

Un autre modèle est la musique qu’on chante la nuit pour rendre hommage, la Sérénade. Il s’agit d’un divertissement instrumental ou vocal dans lequel des petits morceaux s’enchaînent, comme la Suite. Un exemple sur tous, la Sérénade no. 13 en sol majeur « Eine kleine Nachtmusik » (K. 525) de Mozart, pléonasme dans cette manière de l’exprimer étant donné que la Sérénade est une petite musique de la nuit. Au XXe siècle la Sérénade passe aussi dans la musique populaire et, en 1939, Glenn Miller enregistre l’inoubliable Moonlight Sérénade avec son célèbre thème doublé à la clarinette et au saxophone.

La forme par excellence évocatrice de la nuit reste le Nocturne. Une forme qui possède une dimension méditative certaine et qui favorise l’introspection. A l’origine, elle était une sorte de Romance calme fréquemment chantée en duo, accompagnée à la guitare, à la harpe et ensuite au piano. Très vraisemblablement le Nocturne vocal se transforme en Nocturne instrumental une fois qu’il commence à être accompagné au piano. Peu à peu cet instrument s’approprie la composition. Le compositeur que l’on associe tout naturellement au Nocturne pianistique est Frédéric Chopin. Même si le véritable père du Nocturne de l’époque romantique est en fait le pianiste et compositeur irlandais John Field. De Chopin nous connaissons 21 Nocturnes écrits tout au long de sa période compositionnelle : une musique au tempo lent guidée par une mélodie, quasi vocale (héritage du bel canto), harmonieuse et ornée.

Mais la nuit peut également être source de grande agitation. Le deuxième mouvement du Nocturne pour orchestre de Debussy, « Fête », montre alors que l’atmosphère générale du Nocturne n’est pas si univoquement méditative et sereine. Et il y a même des Berceuses qui virent au drame comme la « Berceuse » de L’Oiseau de feu de Stravinsky. Les éléments maléfiques, les sorcières et les diables, les nuits obscures et habitées, attisent également l’imaginaire des compositeurs : Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, les Fantasiestücke de Schumann, le Faust de Berlioz, La Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, ne sont que quelques exemples.

Au XXe siècle en outre, les partitions se renforcent davantage d’instruments à vents et à percussions qui permettent des sons d’une fureur absolue. Tandis que le rock satanique ou la musique techno, avec l’utilisation de l’électronique et de l’informatique, exploitent toutes la gamme des sons audibles et atteignent l’apogée de la musique de la violence.

Federica, responsable Musicologie, site Riponne

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