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Tintin : une traversée de siècle !

A plus de 90 ans, le reporter à la houppette demeure encore un champion hors catégorie dans l’univers de la bande dessinée. A l’occasion de l’exposition « Tintin, l’aventure immersive », qui fait escale au Palais de Beaulieu de Lausanne dès la mi-octobre, découvrez notre sélection de documents qui fait honneur à l’univers de ce personnage incontournable.

Une comète éditoriale

Seulement devancés par « Astérix » et « Lucky Luke » dans le domaine franco-belge, les albums de Tintin se sont vendus à plus de 250 millions d’exemplaires dans le monde. Il s’en écoule encore de nos jours près de 4 millions chaque année, « Tintin en Amérique », « Tintin au Congo » et « Le Lotus bleu » caracolant en tête des ventes.

Maintes fois traduite

Depuis le décès d’Hergé en 1983, si le reporter du « Petit Vingtième » n’a pas connu de nouvelles aventures, il n’a en revanche cessé d’explorer le monde entier à travers les langues et autres patois. Du breton au wolof, il y aurait ainsi plus de 120 traductions différentes ! Tintin causant tout aussi bien en québécois, en féroïen, en tahitien ou en papiamentu (créole des Antilles néerlandaises), sa « belgitude » a depuis longtemps été transcendée par un engouement universel pour son personnage.

Maintes fois adaptée

La série de bandes dessinées  des « Aventures de Tintin » a fait l’objet de nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision, que ce soit en prise de vues réelles ou en film d’animation. La plupart de ces adaptations reprennent le scénario des différents albums de la série, à l’exception des films « Tintin et le Mystère de la Toison d’or, », « Tintin et les Oranges bleues » (avec l’inénarrable Jean Bouise dans le rôle du capitaine Haddock) et « Tintin et le Lac au requins » qui, eux, s’appuient sur des scénarios originaux. On a également retrouvé notre reporter dans de nombreuses pièces de théâtre ou même en jeux vidéo !

Une affaire qui tourne, mais…

Casterman, l’éditeur historique des « Aventures de Tintin », n’est pas le principal bénéficiaire de l’œuvre d’Hergé. C’est son héritière, sa seconde femme Fanny qui en gère avec son époux, via la société Tintinimaginatio (anciennement Moulinsart), les droits d’auteur de façon extrêmement pointilleuse. Car, en plus de la somme reversée par l’éditeur, viennent s’ajouter les ventes des livres publiés par les Editions Moulinsart et, surtout, celles de l’ensemble des produits dérivés de l’univers de Tintin : figurines, posters, sacs, t-shirts, etc.  Il semblerait, cependant, que les coûts de fonctionnement liés au Musée Hergé de Louvain-la-Neuve pèseraient lourd dans les finances de la société.

Refaire parler du héros à la houppette

Tintin a donc encore besoin de faire parler de lui pour rester le champion de la BD qu’il est. A défaut d’un nouvel album – idée à laquelle se refuse toujours Fanny Rodwell pour respecter la volonté d’Hergé – les initiatives n’ont pas manqué ces dernières années pour faire revivre notre héros : l’adaptation du « Secret de la Licorne » par Spielberg en 2011 bien sûr, une exposition évenement au Grand Palais en 2016, la réédition en version colorisée de « Tintin au pays des Soviets » en 2017 ou encore un feuilleton sur France Culture posté sous forme de podcasts. Avec des résultats puisque, par exemple, la rétrospective Hergé à Paris avait permis de booster les ventes d’album en France ! Il devrait en être de même pour l’exposition itinérante qui passe par Lausanne cet automne ainsi que pour les nombreux projets majeurs qui ne manqueront pas de voir le jour, à l’exemple du deuxième volet des « Aventures de Tintin » au cinéma que Spielberg viendrait de confirmer pour Noël 2025.

Tiré de Wiktionnaire

  • tintinophile : amateur de Tintin personnage d’Hergé
  • tintinologue : spécialiste des albums de Tintin, de son univers et de son auteur Hergé
  • tintinesque : typique de l’univers de Tintin
  • tintinomane ou tintinomaniaque : maniaque de Tintin, personnage de Hergé
  • tintinolâtre : fan inconditionnel des albums et du monde de Tintin
  • « tintin » ou « faire tintin » : signifie « ne rien recevoir, alors qu’on s’attendait à obtenir quelque chose ». Cette locution verbale serait apparue dans l’argot militaire sous la forme « faire tintin ballon », au sens d’être privé de vin. Rien à voir, donc !

Une œuvre parfois controversée

Tintin a traversé le siècle et il n’est pas étonnant de voir certains albums ou certains aspects de l’œuvre d’Hergé épinglé de nos jours comme étant politiquement incorrects. Mais, il n’y avait sans doute pas de mauvaises intentions à la base et il faut savoir remettre les choses dans leur contexte : par exemple, à l’époque de la parution de « Tintin au Congo » (1931), la Belgique exploite encore une partie du pays en tant que colonie et rien de ce que vit Tintin au cours de ses aventures là-bas n’a donc particulièrement interpellé les lecteurs du journal. Hergé ayant subi de son vivant de nombreuses attaques sur le ton de cette album qu’il en a lui-même atténué, par la suite, de nombreux aspects jugés racistes ou colonialistes. Pour Benoît Peeters, « Tintin n’a rien à se faire pardonner. Il existe de nombreux contre-exemples permettant de voir dans ses aventures une œuvre sur le respect de l’autre et de sa culture », à l’image de la dénonciation de l’esclavagisme dans l’album « Coke en stock ». On l’a également accusé de sexisme, les femmes étant peu représentées, voire mal considérées pour certains, dans son œuvre. Mais c’était loin d’être une exception dans la bande dessinée d’avant 1960 !

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