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Street Art

Quand les murs s’expriment

L’histoire de l’art urbain est vaste et passionnante.  
Le terme même d’art urbain, ou street art, est sujet à controverse. Pour certains, le graffiti existe depuis toujours, preuve en serait les peintures de la grotte de Lascaux, les hiéroglyphes égyptiens, ou encore les caricatures sur les murs des ruines de Pompéi.  Pour d’autres, c’est une pratique artistique qui n’a pris son réel essor qu’à partir des années 1960, avec les premiers tags de Cornbread et Cool Earl à Philadelphie, les Éphémères de Gérard Zlotykamien dans les rue de Paris et les premiers pochoirs d’Ernest Pignon-Ernest dans le Vaucluse. Puis, dans les années 1980, avec le border art du mur de Berlin, les graffs de SAMO (alias Jean-Michel Basquiat) et de Keith Haring dans les rues de New-York. 
Mais déjà en 1943 les Chicanos de Los Angeles inscrivaient en noir leurs noms sur les murs des Barrios pour gagner leur territoire. Avant ça, dans les années 1930, la série Graffiti de Brassaï ne laisse aucun doute sur l’existence de cet art populaire qui, par mots et dessins gravés sur les murs, se manifeste depuis des décennies.  Plus tôt encore, autour de 1910, le muralisme au Mexique ainsi que les monumentales fresques de propagande soviétique en Russie démontrent clairement que l’utilisation du bâti urbain en tant que support artistique existe depuis plus d’un siècle. 

Souvent voire toujours lié à des revendications sociales et politiques, l’art urbain gagne ses lettres de noblesse en entrant dans les musées dans les années 1990. Le marché de l’art voit en effet la poule aux œufs d’or que représente des œuvres connues et prisées du monde entier. Mais le statut juridique de cette pratique artistique n’en n’est pas moins complexe, en matière de droit d’auteur tout particulièrement. Jean Faucheur, artiste, fondateur de l’association le M.U.R et président de la Fédération de l’art urbain (créée en France en 2018) rappelle que « l’art urbain est né dans l’illégalité. En l’absence de l’accord du propriétaire des murs, les œuvres qui y figurent sont en réalité constitutives de délit de dégradation du bien […] Un artiste peut se trouver le matin au tribunal et le soir au vernissage de la mairie qui lui a commandé une œuvre monumentale. Cela confère à ces artistes un rapport un peu particulier aux institutions. »

Aujourd’hui, la figure incontournable de Banksy se joue des codes de l’art, et du street art en particulier, en remettant systématiquement en question la marchandisation et la spéculation de celui-ci. Le nombre d’expositions non autorisées par son site « Pestcontroloffice.com » fleurissent, profitant de la notoriété et de la popularité mondiales de l’artiste, se faisant au passage de confortables bénéfices qui ne sont pas toujours redistribués à l’artiste.

Nous vous proposons une plongée dans les univers de l’art urbain, art d’énergie, art nomade et spontané, gratuit puisque offert aux regards de tout le monde et dont la propriété est publique. Un art qui se veut avant tout libéré de toute catégorisation, de toute contrainte, si ce n’est celle du bruit de la ville, de son statut éphémère, de l’engagement physique qu’il implique… et de la beauté du geste ! 

Venez découvrir notre sélection du 3 au 29 juin à la bibliothèque du site Riponne.

Image de mise en avant de @sagesolar

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