Rose : une couleur tendance

Le rose ne fait pas partie des couleurs à part entière, recensées par la science, selon le spécialiste Michel Pastoureau. L’ histoire du rose, couleur de second rang est incertaine, insaisissable, fragile, éphémère.

En Occident, le rose fait son apparition dans les vêtements d’apparat de la Cour dans l’Italie de la Renaissance au milieu du XIIIe siècle, puis après la Grande peste noire en France et en Angleterre. Le rose ne s’appelle pas rose mais « incarnat », et il tire plus sur le jaune que le rouge. La diffusion débute au XIVe siècle par l’usage du bois du Brésil, ou bois de sappan, un bois à la chair rouge. Utilisée par les artisans italiens, cette matière première est rare et chère, car elle provient de Ceylan, d’Inde, ou du Japon. La teinte est difficile à fixer sur les tissus. La découverte du bois du Brésil sur le continent sud-américain et la démocratisation des techniques de teintures va permettre sa diffusion.

Au XVIIIe siècle, c’est Mme de Pompadour, favorite du roi Louis XV qui met véritablement cette couleur à la mode. Le rose devient le symbole du libertinage et de la puissance: « rose Pompadour ».

Dans la palette des couleurs, il faut attendre 1810, et le traité de Goethe pour que le rose existe enfin.

La rose botanique, elle, fait son apparition dès l’Antiquité, elle est représentée en blanc, rouge, pourpre, rarement en jaune. La légende dit que le comte de Champagne, Thibaud IV, de retour de terre Sainte, vers 1240, aurait rapporté dans son heaume des graines de rosiers de Damas.

La rose figure dans la panoplie des apothicaires ou parfumeurs. Il faut attendre le XVIIe siècle pour que les jardiniers et horticulteurs mettent au point, d’abord en Angleterre, puis en France des roses qui sont roses, le nom de la fleur devient celui de la couleur, en anglais pink. Les roses de couleur rose expriment la tendresse, la douceur et la délicatesse. Un bouquet de roses roses sert par exemple à célébrer l’arrivée d’un nouveau-né dans une famille, ou bien la fête des mères et la fête des grands-mères. Ce sont des fleurs à offrir pour exprimer un amour tendre, mais aussi en guise de remerciements pour témoigner sa reconnaissance à un être cher. Le rose est destiné aux jeunes filles de la société bourgeoise.

Avec l’ouverture du Japon au monde, le japonisme fait son apparition en Occident dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le rose des cerisiers apparaît dans les intérieurs européens, les papiers peints, les paravents, les kimonos et au théâtre.

On trouve le rose chez les impressionnistes, les pointillistes, les fauves. Elsa Schiaparelli lance sa maison de mode en 1928 et met à l’honneur le rose lumineux le « rose shocking ». Le rose apparaît dans « Vogue ». Même Gabrielle Chanel grande rivale de Schiaparelli, qui ne jure que par le noir, crée des robes de soirée roses. Les homosexuels jugés indésirables dans les camps de concentration nazis furent marqués d’un triangle rose.

Le rose habille les stars, au cinéma et devient l’attribut des rock stars, pop stars, rappeurs. Veste, pantalons, chaussures, salles de bain, cadillac, accessoires, tout est rose.

Dans les années 1970 on invente les couleurs fluorescentes, les néons. Le rose évoque la sensualité, la sexualité, la pornographie. Le mouvement punk rappelle les heures noires de la République de Weimar.

Dans les années 1980-1990 il devient un emblème pour les communautés gaies et lesbiennes.

Le rose symbole du mauvais goût, de la débauche, qui a servi à discriminer, persécuter, permet ensuite de s’identifier.

Le rose envahit la culture populaire. La Panthère rose. Les jouets, Barbie, les mangas, Hello Kitty. Schiaparelli inspire Jean-Paul Gaultier, David Lynch, Terry Gilliam, Kim Kardashian.

Le ruban rose « d’octobre rose » marque la solidarité envers les personnes atteintes du cancer du sein et la prévention.

Nous vous proposons une sélection de documents autour du rose.

Couvertures rose bonbon, vichy, rose thé, vieux rose, rose de Damas, nude, fuchsia, saumon, orangé, rose sakura, Schiaparelli, punk, vous ne pourrez pas y échapper ! Du 23 septembre au 26 octobre, à la BCU site Riponne