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Orson Welles : l’indomptable homme-orchestre

A l’occasion des 40 ans de sa disparition, il était temps de rendre hommage au monstre sacré qu’est Orson Welles : acteur passionné par Shakespeare, homme de radio rendu célèbre par l’émission « La Guerre des mondes » (1938), il a révolutionné à jamais le cinéma à l’âge de 26 ans avec « Citizen Kane » (1941). Il a tourné pour le cinéma et la télévision, expérimentant toutes sortes des forme nouvelles, capable de consacrer une énergie folle à réaliser des projets dont beaucoup, à l’exemple de son « Don Quijote », sont restés inachevés. L’œuvre protéiforme du réalisateur américain continue de nous interpeller car elle éclaire, sans doute mieux qu’aucune autre, les mécanismes de la reproduction du réel par l’image et le son. Martin Scorcese dira de lui : « Regardez les films d’Orson Welles, parce qu’il définit à lui seul le cinéma. ».

Epris de son indépendance, la légende voudrait qu’on lui ait laissé « une entière liberté », son contrat avec la RKO lui permettant, chose inhabituelle, d’être à la fois acteur, scénariste, réalisateur et également coproducteur via sa société Mercury Production. Mais la RKO reste le distributeur et son droit de veto demeure considérable concernant le choix des acteurs et, bien entendu, sur le montant des sommes qui lui sont avancées.

Welles a-t-il inventé les fake news ?

Le 30 octobre 1938, dans la soirée, CBS diffuse un récit radiophonique raconté par Orson Welles. Inspiré de « La Guerre des Mondes » d’Herbert George Wells, le canular aurait fait paniquer toute l’Amérique qui pense qu’une invasion de Martiens est en cours.

Il n’avait que 23 ans à l’époque. Mais, avec son talent de conteur, beaucoup d’auditeurs ont cru qu’il s’agissait de bulletins d’informations flash et que tout ce qu’il racontait était vraiment en train de se dérouler. Orson Welles et les autres faux journalistes racontent des scènes d’horreur à travers toute l’Amérique, New York envahi par les extraterrestres, des habitants qui se jettent dans la rivière pour espérer survivre, puis plus que les bruits de la ville attaquée.

Tout cela a été extraordinairement exagéré a posteriori par les journaux, probablement pour dénoncer les dangers de la radio, ce nouveau média qui allait concurrencer leur suprématie. En 1973, Welles remettra une couche avec le docufiction « F for fake » ou il traite, une fois de plus, de l’art de l’illusion. A l’heure où les fake news sont de plus en plus présentes, les mises en abîme effectuées par Welles sur le fonctionnement des médias devrait encore retentir de nos jours comme une forme d’avertissement.

Une illustration de « La Guerre des mondes » de H.G. Wells

A la fois acteur, réalisateur, producteur et scénariste, mais également metteur en scène de théâtre, dessinateur, écrivain, illusionniste, sans oublier son mariage avec Rita Hayworth, l’une des plus grandes stars de l’âge d’or d’Hollywood, sa passion pour les cigares et la tauromachie, Welles était un personnage résolument à part ! Retrouver notre sélection de documents sur le site Riponne du 20 octobre 2025 au 5 janvier 2026 ou consulter-en la liste sur le catalogue Renouvaud.