Des notes pleines d’images (4/5) : L’orchestre comme récit
Dans les articles précédents de la série Des notes pleines d’images, il était question de la musique descriptive dans des œuvres vocales, à l’opéra et au cinéma. Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’y a ni texte, ni images, ni chanteur, ni acteur ?
La musique devient narration pure, elle se libère des formes traditionnelles pour inventer une nouvelle manière de raconter : le poème symphonique, l’un des sommets de la musique descriptive. Pas de paroles. Pas de récit explicite. Et pourtant, tout y est : le mystère, l’action, les personnages, les émotions. Tout est dans la musique ! Tout est dans l’orchestre qui n’explique rien, mais qui suggère tout : les paysages, les personnages, les émotions, les rebondissements. Pas besoin de paroles, tout est contenu dans les timbres, les thèmes, les contrastes.
Au 19e siècle, ce genre orchestral, inspiré d’une idée extramusicale comme un poème, un tableau, une idée philosophique ou une description de paysage, suit le fil d’un récit imaginaire, que chaque auditeur·trice reconstruit à l’écoute.
C’est Liszt qui forge ce genre. Mais il sera suivi par Berlioz, Smetana, Richard Strauss, Debussy, Sibelius… Tous explorent les possibilités infinies d’une musique qui voit sans montrer, qui dit sans parler.
Prenons un exemple : La Moldau de Smetana, qui dépeint le cours de la rivière Moldau. D’abord, deux petites sources naissent doucement dans les cordes. Puis le flot grandit, s’élargit, devient un fleuve majestueux. On traverse des villages, des forêts, des chutes d’eau. À la fin, ses eaux se déversent dans l’Elbe, grâce auquel elles rejoignent la mer. Fermez les yeux, et vous verrez le paysage !
Ou encore Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, dont l’introduction a été rendue célèbre par le générique du film culte 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick : un lever de soleil monumental, une quête métaphysique inspirée de Nietzsche, toute une philosophie exprimée par la musique.
Le poème symphonique est une musique faite pour raconter. Et parmi tous les sujets que ces poèmes symphoniques abordent, un revient constamment : la nature. Le vent, l’eau, les oiseaux, la montagne… Depuis toujours, les compositeur·trices ont voulu traduire le monde naturel en sons. Et parfois, ils y parviennent avec une puissance d’évocation saisissante. Découvrez-le dans le prochain et dernier article, le 8 décembre 2025 : Des notes pleines d’images (5/5) : Paysages sonores
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