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Des notes pleines d’images (2/5) : Entendre le cinéma

Nous l’avons découvert dans le premier article de la série Des notes pleines d’images, le madrigalisme a jeté les bases d’une idée révolutionnaire : la musique peut illustrer, la musique peut raconter. Mais cette idée ne s’est pas arrêtée aux salons raffinés de la Renaissance. Elle a grandi, évolué, s’est enrichie au fil des siècles… jusqu’à devenir une langue universelle au cœur du 7e art.

Que serait Psychose sans ses violons stridents ? La vie est belle sans la musique de Nicola Piovani qui contribue à cet univers de conte philosophique ? Ou Star Wars sans ses cuivres héroïques ?

Dans cet article, nous plongeons dans la musique descriptive au cinéma. Avançons donc de quelques siècles et asseyons-nous dans une salle obscure. La lumière s’éteint, l’écran s’illumine, et la musique commence à raconter….

Au cinéma, la musique descriptive prend une nouvelle dimension. Elle ne se contente plus de peindre ou de suggérer : elle accompagne l’image, la commente, la renforce, l’anticipe, l’explique. Elle devient un langage parallèle, un narrateur invisible qui guide notre regard et surtout, nos émotions.

Le pouvoir de cette musique est immédiat. Avant même de comprendre ce que nous voyons, nous ressentons. Quelques notes suffisent à plonger le·la spectateur·trice dans une ambiance, à faire naître la peur, l’attente, la tendresse, l’émerveillement.
Deux notes suffisent à John Williams pour évoquer la terreur dans Les Dents de la mer (1975). Une petite cellule musicale et rythmique, obsédante, répétée. Chaque fois que le terrible poisson rôde, elle revient, implacable, tapie sous la surface. Le monstre n’est pas encore visible… mais la musique l’a déjà fait naître dans notre esprit.

D’autres fois, la musique ne décrit pas un danger imminent, mais un univers entier. C’est le cas dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001), où la partition de Yann Tiersen crée un monde sonore plein de douceur, de mélancolie joyeuse et de rêverie. Accordéon, piano, percussions discrètes : tout y est léger, espiègle, un peu flou, comme un rêve éveillé. La musique remplace les dialogues : elle pense, elle sent, elle imagine à la place du personnage.

Yann Tiersen, La valse d’Amélie (version piano)

La musique descriptive au cinéma agit ainsi comme une mémoire, une voix intérieure, un fil émotionnel. Elle ne se contente pas de suivre le film. Elle l’oriente, elle le colore, elle lui donne une profondeur psychologique.

Découvrez le prochain article, le 8 octobre 2025 : Des notes pleines d’images (3/5) : Le pouvoir du Leitmotiv

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