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Une heureuse erreur

Un manuscrit médiéval du couvent de Saint-François d’Assise chez nous !

En 1960 la vente aux enchères d’un manuscrit du XIIIe siècle contenant le texte en latin du Livre de la sagesse de Salomon avec une inscription qui fait référence au « conventus beati Francisci » attire l’attention des responsables de la bibliothèque. L’inscription indique très probablement le couvent de Saint-François de Lausanne et tout est mis en œuvre pour acquérir le précieux document.

Une fois le manuscrit arrivé à la bibliothèque, il reçoit la cote IS 1841, qui sera désormais son identifiant au service des Manuscrits.

Lorsque le Prof. Agostino Paravicini Bagliani, ancien scriptor (spécialiste en histoire de l’écriture, de la langue et d’histoire) de la Bibliothèque vaticane et ensuite professeur d’histoire médiévale à la Faculté des lettres de l’UNIL, voit ce document, des signes en bas des pages de début et de fin des cahiers lui sautent aux yeux. Ces symboles en forme de cercles pointillés en rouge et noir qui entourent le numéro du cahier lui rappellent une pratique du couvent de Saint-François d’Assise. En effet, le frère Giovanni Ioli attribuait ces indications lorsqu’il réorganisa la Bibliothèque d’Assise entre 1377 et 1384.

Vérifications faites, notre volume faisait effectivement partie du trésor de la Bibliothèque d’Assise, l’inscription qui a favorisé l’achat du document ne renvoie donc pas au couvent de Saint-François de Lausanne, mais à celui d’Assise en Italie. Le manuscrit est en occurrence mutilé. Il comprenait à l’origine non seulement le Livre de la sagesse, mais aussi des Sentences de Pierre de Lombard. Pour retrouver les parties disparues aujourd’hui, il va falloir mener encore bien des recherches pour réussir à les localiser… le mystère qui entoure ce document n’est donc pas encore résolu.

Nous avons numérisé ce manuscrit avec une provenance si surprenante et l’avons rendu accessible sur la plateforme e-codices avec les informations que le Prof. Paravicini a publié dans un article duquel nous nous inspirons aujourd’hui pour l’écriture de notre article blog.

Il nous reste juste à espérer que la version en ligne du manuscrit suscitera de futures recherches pour savoir davantage sur ce document médiéval.

Ramona, Conservatrice du Service des manuscrits