Retour aux articles

Beethoven, imprésario de lui-même (5/7)

En comparaison avec Haydn et Mozart, le catalogue de Beethoven présente une réduction drastique du nombre de compositions : 9 symphonies contre les 100 et quelques de Haydn et les plus de 50 de Mozart, par exemple. Quelle est la raison ? Beethoven se transfère à Vienne en 1792 et s’affirme rapidement comme artiste indépendant, libre imprésario de lui-même selon le nouveau rôle social du musicien. En 1808, une pension annuelle lui a même été attribuée afin de ne pas accepter le poste de maître de chapelle à la cour de Cassel offert par Jérôme Bonaparte, le frère de Napoléon. Beethoven devient donc le premier musicien dans l’histoire de la musique à recevoir une rente sans aucune contrainte artistique, tout simplement pour ne pas quitter Vienne.

Sauf exception, Beethoven ne compose donc plus sur commande, il n’a plus de délais à respecter et son travail passe uniquement à l’examen de ses inexorables exigences personnelles. Libéré de toute contrainte, les temps de création se prolongent et les œuvres grandissent, non pas en nombre, mais en amplitude et variété afin de se justifier. A la joie de composer déclarée par le compositeur, se mélange le tourment de sa critique obstinée et sévère, documenté dans une quantité de travaux préparatoires, ébauches, repentances, corrections de la dernière minute.

A partir des multiples esquisses laissées par Beethoven, le musicologue et compositeur britannique Barry Cooper a même assemblé une hypothétique Dixième Symphonie en mi bémol majeur. Si d’une part il n’est pas possible de prouver que toutes les esquisses réunies étaient destinées à une seule composition, de l’autre il est probable qu’après sa Neuvième Beethoven avait l’intention de composer une nouvelle symphonie.

Federica, responsable Musicologie, site Riponne

Voir la sélection