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Naviguer entre la couleur et le noir et blanc : l’exposition Jean-Claude Hesselbarth à l’Espace Arlaud

Affiche Exposition Arlaud. (Jean-Claude HESSELBARTH, Cum grano salis ou Mon Monet, 1997, Peinture acrylique et dispersion sur panneaux de porte, 204x53 cm (Chacun des quatre éléments) INV 1998-086, Musée Jenisch Vevey © Musée Jenisch Vevey)

Pour célébrer le centenaire de Jean-Claude Hesselbarth (1925-2015), l’association qui « favorise […] la promotion et la conservation de son œuvre dessiné et peint » invite à découvrir l’exposition Jean-Claude Hesselbarth, l’ubac et l’adret. Œuvres vivantes à Espace Arlaud du 5 septembre au 9 novembre 2025.

En 2016, la veuve de l’artiste, madame Liliane Annen-Hesselbarth, avait fait don à la BCUL des documents d’archives conservés par Jean-Claude Hesselbarth.

Nous avons pu rencontrer la co-commissaire Laura Saggiorato qui a accepté de nous parler de l’œuvre d’Hesselbarth et nous fait découvrir plus en détail le concept de l’exposition à Espace Arlaud.

Comment lier le tachisme très coloré aux œuvres en noir et blanc, notamment les dessins, de Jean-Claude Hesselbarth ?

À l’origine il y a les lieux et le geste. Lorsque l’artiste se trouve en été dans la Drôme, il s’imprègne des couleurs que le paysage lui offre. Elles explosent devant ses yeux et il les distribue, sème, étale avec des gestes répétés sur des toiles posées à l’horizontale sur le sol. Lorsqu’il revient en hiver à Lausanne, une monochromie noire prend le dessus. Il punaise ses feuilles de papier au mur et par des mouvements imprimés de son corps à sa main, dans une sorte de danse, il les remplit de subtils traits noirs.

L’ubac et l’adret. Comment faut-il interpréter cette référence à la montagne chez Jean-Claude Hesselbarth ?

Quand Jaccottet parle de l’œuvre d’Hesselbarth, il en saisit justement les « Deux versants en apparence opposés, comme l’ubac et l’adret en montagne. Côté ombre, les dessins […] produisant […] comme un suspens de poussière nocturne [tandis que] les peintures, elles, semblent naître en plein soleil, en plein midi, exploser comme un rire de couleurs percutantes […] ».

Vous avez choisi de mettre l’accent sur la dernière période créative de l’artiste. Pouvons-nous retrouver encore aujourd’hui un écho à ses œuvres à Lausanne où il est né et où il a vécu une partie de sa vie ?

Dans les années 1950, Jean-Claude Hesselbarth est parmi les fondateurs du Collège vaudois des artistes concrets, qui revendique l’intégration de l’art dans le patrimoine bâti. Plusieurs réalisations de ce collectif ont été détruites. Toutefois, une céramique monumentale, posée sur une paroi à l’entrée du Stade de la Pontaise, survit au renouvellement de la ville. Et bien entendu, de nombreuses œuvres picturales ou dessinées sont conservées dans des institutions et musées vaudois.

L’exposition prend des chemins nouveaux avec une expérience immersive, réalisée par Fabrice Aragno qui fera dialoguer l’œuvre d’Hesselbarth avec le numérique. Pouvez-vous nous dire un peu plus ?

À un choix de dessins et de peintures de la dernière période, nous avons voulu associer une approche ouvrant sur un parcours sensoriel. Grâce à un dispositif que je ne dévoile pas en détail ici, les déplacements du spectateur superposeront sa propre silhouette au mouvement des œuvres de l’artiste projetées en d’infinies variations — chaque visiteur vivant alors une aventure.

Pour voir vous-mêmes les œuvres, venez découvrir l’exposition Jean-Claude Hesselbarth, l’ubac et l’adret. Œuvres vivantes à Espace Arlaud du 5 septembre au 9 novembre 2025. L’inventaire du fonds Jean-Claude Hesselbarth est disponible en ligne et les documents peuvent être consultés sur rendez-vous dans la salle de consultation temporaire de l’Unithèque qui sera rouverte au public dès le 8 septembre.